« Libre cours à l’imagination »
La réalisation de ce sapin en fait partie. Ce dernier est inscrit à “Mon beau sapin”, le concours des sapins créatifs, une exposition où les visiteurs désignent leurs trouvailles, leurs chouchous, ces “arbres” qu’ils préfèrent. « Une année, on a déjà reçu un premier prix », se souvient Valérie Schwoertzig, aide médico-psychologique.
Cette année, il se fait remarquer par beaucoup. « On a travaillé autour des saisons en ramassant différents éléments dans la nature. »
Ces noix, glands, coques de châtaigne, cette mousse, ces feuilles et ces morceaux d’écorce sont rassemblés pour symboliser le thème du temps qui passe avec ses changements de couleurs, de formes, de trouvailles aussi.
« J’ai toujours aimé me balader dans la nature, poursuit Valérie Schwoertzig. On y trouve plein de choses, des choses simples qu’on peut utiliser et qui laissent libre cours à l’imagination. »
Chaque année, les enfants de cet hôpital participent au concours, ce sapin-là fut entamé dès septembre. Derrière le résultat final, il y a pas mal de sorties en forêt, la plupart dans celle toute proche de l’Illwald.
« Souvent, les enfants revenaient de leurs promenades en famille avec différents éléments. »
Cette pièce montée s’est construite au gré des imaginations. La forme du sapin s’est faite d’elle-même, en assemblant de manière pyramidale des fins de rouleaux d’essuie-tout et de papier toilettes (voir photos ci-dessus). Il y en a de toutes tailles, ce qui offre un aspect naturel et fouillis.
« On a pris ce qu’on a trouvé. » Après, dans chaque rouleau, c’est une maison qui s’est installée, avec autant d’animaux pour l’occuper. « En les faisant, une à une, Les enfants se sont raconté des histoires. » Un couple de hérissons qui emménage, cela ne se fait pas en silence, cela se commente, se raconte, se vit mieux avec des mots.
« C’est devenu un livre vivant, ouvert »
« C’est devenu un livre vivant, ouvert, note la jeune femme. Quand on le regarde, on entend tout ce qu’il s’y passe. C’est très parlant. »
Ce sapin pas comme les autres, on le nomme d’ailleurs parfois Le Livre de Noël. On ne s’en doute pas, de tout ce qu’il s’y déroule, s’y trouve, mais c’est très vivant. Dans chaque “niche” s’écrivent des scènes de famille.
Là, avec deux glands auxquels est venue se coller une paire d’yeux, il y a un écureuil, plus haut une souris (on le voit aux oreilles faites d’écailles d’un cône de pin), en voisin un escargot. Plus loin, d’une noix on a reconstitué un hibou portant lunettes. Une pomme de pin a été revisitée en rongeur.
Hérissons et oiseaux s’y côtoient en toute indépendance. Chaque abri est décoré, parfois richement, avec ce qui peut se dégotter sur le sol d’une forêt. De ces bois habités de mille et un animaux, on a refait ici une autre vie, avec les mêmes matériaux mais agencés différemment.
« Pour nous, avec les enfants, ce fut difficile de se séparer de notre arbre, glisse la jeune femme. Il manque beaucoup dans notre local. On avait l’habitude de l’avoir à nos côtés, de le voir quand on voulait. » Pour un peu, on aurait hâte qu’il revienne “à la maison”. »
D’ailleurs, parmi les spectateurs du second de Sainte-Barbe, il y a souvent ces enfants aux menottes créatrices. « Ils sont fiers de ce qu’ils ont fait, ils viennent exprès, pour le montrer à leurs parents. Sur place, ils sont souvent surpris de voir qu’il y a du monde devant leur sapin. C’est quelque chose qu’ils ont créé, il y a des retours, ils sont contents. Nous, en tout cas, on ne se lasse pas de le regarder. »
C’est qu’il y en a eu du travail pour donner vie à ces animaux. « Chaque fois que je me mets devant, je ressens une émotion. C’est important d’apprendre aux enfants à partager ce qu’ils ont fait. » Surtout quand les regards portés sont aussi flatteurs.
« On n’avait pas envie de s’arrêter »
Le porter – le produit fini serait paraît-il plutôt léger – et ainsi l’emmener à voir fut aussi le signal d’y mettre un point final. « On aurait pu continuer longtemps. » Les habitations s’ajoutaient au fil des semaines, la “ville au sapin” aurait pu continuer à s’agrandir encore longtemps. Les étages se sont ajoutés au gré des humeurs, des idées fleurissant.
« On n’avait pas envie de s’arrêter. » C’est qu’il y avait encore à dire, encore des petits êtres de la forêt à inviter. « On peut tout faire avec ce qu’on trouve en forêt », sourit Valérie Schwoertzig. Une fois qu’on a mis en place le papa, la maman, qu’on leur a placé de la marmaille entre les pattes, un bébé, pourquoi ne pas compléter le cocon ? Multiplier les possibilités ?
« Les enfants, cela les a fait rêver »
« Les enfants, cela les a fait rêver », ils ont été épatés de donner ainsi vie à ces petits rien auxquels, souvent, nul ne prête attention quand on met les pieds en sous-bois. « C’est leur petit sapin de bois. » C’est d’ailleurs le nom principal donné à cette œuvre pas comme les autres.
« On en parlait ensemble, on cherchait quel nom lui donner, puis il fut trouvé. C’est un enfant qui, un jour, a dit : “C’est le petit sapin de bois”. » Et c’est resté.
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